Villes et villages des Pyrénées-Orientales.
MONT-LOUIS : 144 habitants (2020).
Texte : TERRE CATALANE Sang & Or (Tome 1) de Bernard ESTEBE.
La commune de Mont-Louis est récente, construite de toutes pièces à partir de 1679. Parce qu’elle est circonscrite dans la limite de ses remparts, elle est petite, selon une superficie de 0,39 km² (39 hectares) et une forte densité de 379 habitants/km². La population civile, essentiellement commerçante depuis toujours, est limitée à l’étroitesse des lieux. Les recensements déposés en mairie de 1871 à 1896 font apparaitre une population civile comprise entre 319 et 361 habitants. Depuis plusieurs décennies, le nombre d’habitants ne cesse de chuter. Cependant, Mont-Louis possède le statut de ville en sa qualité de place forte.
Suite au Traité des Pyrénées de 1659 la France annexe l’ancien comté de Cerdagne cédé par la monarchie espagnole. Puis elle doit à nouveau affronter l’Espagne, dont elle sort victorieuse, de mai 1667 à mai 1668 lors de la Guerre de Dévolution, et de 1672 à 1678 dans le cadre de la Guerre de Hollande. Louis XIV roi de France (1643 à 1715) missionne alors Vauban pour sécuriser toutes les frontières françaises. Ingénieur et architecte militaire, Sébastien le Preste de Vauban (1633 à 1707) cumule diverses fonctions et titres, dont gouverneur de Lille de 1668 à 1707 et commissaire général des Fortifications de 1678 à 1703. Militaire spécialiste des sièges, il compte à son actif une cinquantaine de prises de villes et termine sa carrière au rang de Maréchal de France.
Concernant l’ancien comté de Cerdagne, Vauban choisit le site du hameau de « Vilar d’Ovansa » au-dessus de l’actuelle commune de La Cabanasse dont il fait partie à l’époque. Sur une hauteur naturelle, ce lieu militairement stratégique est positionné sur trois voies de passage en Cerdagne, Capcir et Conflent contrôlant respectivement les entrées d’Espagne, du Languedoc et du Roussillon.
La citadelle est construite en vingt-neuf mois de 1679 à 1681, sous la direction de François de Fortin-Durban, colonel d infanterie et ingénieur nommée pour la circonstance gouverneur de la place, fonction occupée jusqu à sa mort en 1700. Les travaux sont exécutés par les soldats, juqu à 3 000 militaires et malgré la difficultés à trouver de la main d oeuvre locale par 500 artisans , dont tailleurs de pierres, menuisiers, charpentiers, maçons, forgerons et puisatiers. Cette forteresse savère être la plus haute de France, et se présente sou forme d un polygone à 1600 m d altitude (1613 en son point le plus élevé). Elle est édifiée pour abriter 4 000 soldats et officiers avec 300 chevaux, une caserne, un hopital pour 100 malades, une chapelle (année 1982) et une ville civile avec une église (année 1736) Dans l éventualité d un siège, un puits de 28 m de profondeur est creusé dans la roche de la partie la plus protégée au nord de la forteresse, dont l eau est puisée à partir d une immense roue en bois dite "cage à écureuil", actionnée par la force humaine, éventuellement un soldat puni pour la circonstance. La difficulté d utilisation du système lui a valu son surnom de "Puits de Forçats".
Pendant la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688 à 1697) Anne-Jules de Noailles (1650 à 1708) maréchal de France, utilise la citadelle pour combattre le roi Charles II d’Espagne lorsque celui-ci rejoint la coalition européenne d’union contre les ambitions françaises. La Seu d’Urgell capitule en 1681 et Ripoll en 1690.
Pour favoriser le peuplement de la cité civile, l Arrêt du 16 octobre 1680 accord entre autres faveurs et privilèges, la gratuité des terrains. L Arrêt est diffusé dans tout le midi de la France et attire progressivement des languedociens, qui s installent dans les premiers baraquements construits en bois, avec l intention de développer des activités commerciales. Les Catalans, maqués par l histoire récent de l annexion, boudent l opération. L édification de la ville en dur qui commence réellement en 1727 est longue et fastidieuse. Progressivement les habitations sont solidement construites et possèdent pour la plupart, un four et un puits dans l éventualité d un siège.
La ville fortifiée est nommé Mont-Louis en hommage à Louis XIV dit le roi Soleil. Les républicains issus de la Révolution changent en janvier 1793 le nom au profit de « Mont-Libre ». Sous le Consulat (1799 à 1804) la citadelle retrouve le 24 octobre 1803 son nom d’origine « Mont-Louis ».
La concentration de militaires et cavaliers favorise l élevage de chevaux en Cerdagne et Capcir
Pendant la guerre déclarée à l’Espagne le 7 mars 1793 par la Convention Nationale (1792 à 1795), le général Dagobert de Fontenille refoule l’incursion espagnole lors de la bataille du col de la Perche le 28 août 1793. Il décède de maladie à Puigcerda le 18 avril 1794. Un monument funéraire est érigé en sa mémoire sur la place du village. Du 29 août 1793 au 26 juillet 1795, Puigcerda est occupé par les troupes françaises.
Afin d’empêcher l’éventuelle occupation des hauteurs par l’armée espagnole, la Redoute Dagobert est construite en 1793 sur la commune limitrophe de La Llagonne à 1705 m d’altitude, du fait du député des Pyrénées-Orientales Joseph Cassanyes, né en 1758 à Canet-en-Roussillon où il est décédé en 1843.
A l initiative de Joseph Joffre, né en 1852 à Rivesaltes, et décédé en 1931 à Paris, alors capitaine de génie à Mont-Louis, un fort doté d un casernement bétonné est construit en 1884 sur les hauteurs de l actuelle commune voisine d Ayguatébia-Talau, au pic de la Tassa (2033 m). Le pic de Figuéma sur cette même commune est armé de quatre canons en 1890, une voie d accès relie ces deux sites à la caserne .
En 1930, la citadelle est un lieu de formation et d’entrainement des « Compagnies d’Eclaireurs-skieurs » des régiments d’infanterie de la région de Montpellier, soit Montpellier, Carcassonne, Albi.
Durant la guerre civile espagnole de 1936 à 1939, des civils espagnols sont hébergés dans la citadelle en qualité de réfugiés. Lors de la "Retirada" en 1939, y séjournant des militaires d obédience anarchiste de la 26ème Division, anciennement " Colonne Durruti" , de l armée populaire de la Seconde République espagnole (1931-1939) après être rentrés en France par Bourg-Madame, Ils sont ensuite amenés au camp récemment ouvert du Vernet d Ariège
Les lieux, sont occupés par l’armée allemande de novembre 1942 à août 1944. Puis, en août et septembre 1944, par des « guérilleros » espagnols d’obédience communiste, en provenance de plusieurs départements du Midi de la France, et qui désirent reconquérir l’Espagne et la libérer de Franco. Le projet échoue en octobre 1944 après plusieurs attaques infructueuses en appui à l’attaque principale du Val d’Aran qui est un échec.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale la motorisation de la cavalerie de Mont-Louis provoque la régression de l élevage équin en Cerdagne et Capcir.
En 1946 est installée une unité militaire dépendant du ministère de l’Intérieur, formée pour la défense de l’Etat en cas de troubles politiques ou sociaux. Cette unité est dissoute à la suite de la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Sitôt après sa création en 1964, le Centre National des Commandos (C.N.E.C.) installe une unité en charge de former les cadres de l’Armée française. Pour la formation et l’entrainement, le site reçoit des forces spéciales, dont le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (G.I.G.N.) ainsi que des stagiaires étrangers.
C’est l’ingénieur chimiste Félix Trombe (1906-1985) qui est à l’origine de l’utilisation de l’énergie solaire à partir d’une première expérience en 1946 à Meudon (92) en utilisant un miroir de D.C.A de 2 m de diamètre. Il installe à Mont-Louis en 1949 le premier four solaire expérimental du monde à double réflexion (50 kW), précurseur en matière de maitrise de l’énergie solaire à plus de 3000 °. La finalité de ces recherches est la fonte de minerai à des fins de purification, pour confectionner des matériaux utilisables en particulier dans l’industrie aéronautique, qui doivent résister aux très hautes températures. Le système consiste à capter les rayons solaires par un héliostat (567 miroirs plans pour une surface totale de 141m²) qui les réfléchit sur une parabole concave (860 miroirs pour une surface totale de 100 m²) qui les concentre sur un foyer dont la température atteinte est 10 000 fois supérieure à la chaleur solaire naturelle. Dans un autre domaine, Félix Trombe est un éminent spéléologue.
Depuis 2008, la commune est inscrite au Patrimoine Mondial de l’U.N.E.S.C.O avec onze autres fortifications de Vauban.
Deux Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (Z.N.I.E.F.F.) sont présentes sur la commune qui est l’une des 66 communes du Parc Naturel Régional des Pyrénées Catalanes.
La garnison compte quelques naissances dont :
• Hugues Alexandre Joseph Meunier (1758 à 1831) : avec Dumouriez il sert l’Armée du Nord qui s’illustre contre la coalition européenne de 1792 et 1793. Pendant l’Empire (1804 à 1814) il est inspecteur général d’infanterie à Paris avant de prendre la retraite en 1810.
• M. Bourgat : directeur des Douanes et auteur du Code des Douanes ou Recueil des Lois et Règlements sur les Douanes en vigueur au 01 janvier 1842.
• Armand Jacquey (1834 à 1921) : issu en 1854d e l’Ecole Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (56) il prend sa retraite en 1894 au grade de général pour se consacrer à la politique en qualité de député du département des landes de 1898 à 1910.
"Jeanne Bot (1905 à 2021) : fille d un sous-officier, elle devient le 14 janvier 2021
la troisième française à atteindre l âge de 116 ans.
• Noël Ignace Pruneta (1919 à 1944) : petit-fils de Noël Mirc, négociant à Mont-Louis
et fils d’Antoine Pruneta, militaire de carrière.
Il participe à la mise en place en Cerdagne et Capcir de groupes de résistants
des « Compagnies d’Eclaireurs-skieurs» et assiste ensuite le colonel Joseph Guillaut,
chef de l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.) des Pyrénées-Orientales.
Ils seront arrêtés à Toulouse le 11 mai 1944 et fusillés le 27 juin 1944.
• Le Général Gilles, né en 1904 à Perpignan, est décédé en 1961 à Mont-Louis, avec à son actif la participation à la guerre du Rif, à la seconde guerre mondiale, à la guerre d’Indochine, et à la guerre d’Algérie.
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