RÉSERVOIR PULSIONNEL TRANSGÉNÉRATIONNEL

 








RÉSERVOIR PULSIONNEL TRANSGÉNÉRATIONNEL / LE ÇA / L’INQUIÉTANTE ÉTRANGETÉ FREUDIENNE

QUAND NOS ACTIONS OU RÉACTIONS NOUS DÉPASSENT

L’idée qui fonde la psychogénéalogie est de travailler à la fois sur notre vécu personnel, nos « valises », mais aussi sur celles que nous portons malgré nous, héritées de nos ancêtres. Ces valises sont constituées d’évènements qui, tellement douloureux et indicibles, n’ont pu être acceptés du vivant de nos aïeux et ainsi continuent, tels des fantômes, de hanter la psyché familiale.

Si nous devons à Freud le concept d’inconscient et à Jung celui d’inconscient collectif. D’autres psychanalystes, en s’appuyant sur leurs travaux, mettent au jour le champ des mémoires transgénérationnelles. Dans les années 60 et 70, Jacob Levy Moreno, Françoise Dolto, Nicolas Abraham et Maria Torok, ou encore Yvan Boszormenyi-Nagy vont travailler autour de la transmission de conflits non résolus, de secrets, de non-dits, de répétitions, de morts prématurées ou choix de professions.

Ici ce qui nous intéresse est la transmission des pulsions de nos ancêtres. Car tant que la pulsion première n’est pas réalisée, elle se continue.

· Tel ancêtre voudra avorter, telle descendante avortera réellement ou symboliquement de tous ses projets.

· Tel ancêtre passera sa vie à rejoindre les morts, tel descendant aura des pulsions mortifères, verra sa pulsion de vie s’effondrer ou aura du mal à être sur terre (puisque les envies générationnelles sont d’être dans l’au-delà).

· Tel aïeule n’aura pas pleuré, telle petite fille aura un émotionnel à fleur de peau et passera son temps en larmes sans comprendre pourquoi.

Plus le nombre d’ancêtres portant la même pulsion (rejet, peur, vengeance etc) sera important, plus le réservoir pulsionnel du clan va s’enfler et se gonfler du même ressentiment, de la même envie de faire, d’une pulsion inavouée et cachée. Plus la pensée se fige, plus le désir devient fort, plus le grain de sable devient montagne, ainsi d’une génération à une autre une crise peut devenir un véritable drame bloquant étant amplifié par la somme de plus en plus importante d’expériences qui renforcent la croyance primaire et la pulsion de décharger sera envahissante.

· Par exemple, dans le cadre d’une famille où plusieurs hommes avaient abusé de leur position sur des femmes sans jamais avoir été condamné… va apparaître un descendant qui va faire de la prison.

· Dans un autre cas, où de nombreuses femmes d’un même clan avaient été abusés, battues (certaines à mort) la pulsion de vengeance se continuera chez une descendante dont tous les maris mourront.

« C’est plus fort que moi », « je ne comprends pas pourquoi je réagis comme ça », « j’ai peur de moi-même », « ça me dépasse complètement », « je suis submergé »…

C’est le moment où la personne va vivre, réagir, sur-réagir même, avoir un comportement, une action qui lui semble étrangère et qui l’habite… Il est possible alors de comprendre que la personne se sente étrangère à elle-même… Puisque ce n’est pas son histoire, ou ses pulsions mais bien celles de ces ancêtres.

« Qui n’a jamais rencontré ce sentiment étrange et effrayant dans quelque situation pourtant familière ? Quelque chose alors dépasse le sujet, quelque chose qui vient d’ailleurs, d’un Autre qui impose son obscure volonté. L’angoisse qui s’insinue, qui envahit de son malaise vague, renvoie à celle originaire du nourrisson, dépendant pour sa survie tant psychique que physique d’un extérieur qui lui échappe totalement.

L’inquiétante étrangeté, c’est quand l’intime surgit comme étranger, inconnu, autre absolu, au point d’en être effrayant. L’article de Freud, écrit en 1919, en fait une description, puis déploie les situations susceptibles de la provoquer. »

Menès Martine. (2004). L'inquiétante étrangeté. Revue : La lettre de l'enfance et de l'adolescence, N° 56(2), page 21

Le « Ça » freudien prend alors un autre éclairage. Le ça est considéré comme le réservoir des pulsions. Il est ce qu'il y a de plus primitif en l'homme. (C.F. Le Moi et le Ça de S. Freud).

Ce fameux « ça » est souvent rempli en réalité des pulsions ancestrales non assouvies. Car il est important de souligner que dans la dynamique pulsionnelle, celle-ci ne peut s’achever que quand elle est actualisée.

Prenons un exemple simple. Vous avez envie d’aller aux toilettes mais ce n’est pas le bon moment, vous vous retenez donc. Mais le besoin se fait de plus en plus présent et les signaux de votre corps vous rappelle de plus en plus qu’il est urgent d’y aller. Vous aurez beau vous contorsionner dans tous les sens, au bout d’un moment l’envie d’aller pisser va envahir votre esprit au point que vous n’allez que penser à ça et chercher le moyen d’assouvir ce besoin/ pulsion.

Maintenant transposez cela aux pensées et émotions, pulsions et désirs persistants, récurrent des aïeux : ce qui n’a pas abouti et qui reste obsessionnel se transmet en un « ça » qui habite le descendant et qui le fait agir sans comprendre le pourquoi du comment.

Plus le « ça » est envahi, plus la pulsions est fort, plus l’individu ne va pas SE comprendre…

Permettre alors à l’individu de faire la part entre soi et ce qui l’habite est indispensable à une restructuration psychique. Car tant que la personne se méfie d’elle-même et de ce « ça » en soi, si « inquiétant, il ne peut se faire confiance. Il risque alors de se heurter à ses propres envies, désirs, lutter contre « lui-même » alors que justement ce n’est pas lui le problème….

Ce travail de différentiation est essentiel pour sa réappropriation de sa vie et de son identité.





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