Vivre est un vrai métier (1)
Il est des journées où l'on a envie de rien faire, sinon de trainasser, de rêvasser, de toucher à tout et à rien, de ne rien finir, de voir en chaque geste l'inaptitude à quoi que ce soit.
Il est possible de se forcer, de puiser en nous les dernières cartouches d'énergie. J'avoue qu'en ces cas-là j'hésite entre plusieurs solutions: tourner en rond ou aller me balader, stopper toute activité qui nécessite attention, vigilance et pleine conscience du moment.
Aujourd'hui, j'ai carrément envie de m'installer pour profiter à fond de ce vide. Le plus dur est d'accepter la situation, de ne pas m'inventer des trucs pour aggraver mon cas. Je sens que mon envie de ne rien faire va se transformer en volonté délibérée de vaquer à toute "activité".
D'ailleurs je m'interroge, est-ce qu'accepter de ne rien faire, c'est faire encore quelque chose. Oui, je crois. L'idéal serait que je puisse me couler le plus naturellement du monde dans cette vacuité naturelle et spontanée. Pas facile du tout, car mon cerveau et mon corps sont programmés pour trouver une bonne raison de faire quand même quelque chose, histoire de n'avoir pas à me culpabiliser et surtout de pouvoir me justifier quand on demandera ce que j'aurai fait de ma journée.
Je prends conscience en posant ces mots sur le clavier que se soumettre à la volonté de ne rien faire est quand même un sacré travail de l'esprit. Bon, je vais prendre mon repas de midi, puis après je verrai bien ce qui advient. D'ailleurs ce sera après ma sieste, car autant que possible je m'oblige à ce repos réparateur chaque fois qu'il m'en est donné le loisir.
Pour l'instant je rumine la formule de Montaigne que je cite souvent dans les Lectures ou les ateliers d'écriture. Si ce soir je dis à quelqu'un que je n'ai rien fait, pourrais-je dire pour autant que je n'ai point vécu?
Oui, vivre est un métier qui suffit à me combler.
Marc Maronne
(1) "Mon métier et mon art, c'est vivre".
Michel de Montaigne Essais, II, 6
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