cet homme en cavale

 











Peu importe où nous irons, notre prison mentale, nous suivra 

Sur le chemin de Compostelle en 2019, je marchais pour fuir. 

Fuir un quotidien devenu trop lourd, fuir les contraintes, les attentes, 

les blessures non dites et des addictions qui n’arrivaient plus à engourdir

 mon mal de vivre. Je venais de perdre mon enfant unique dans des 

circonstances tristes et nébuleuses plutôt dans l’année. 

Nouvellement à la retraite après 26 années dans une profession plutôt

 toxique pour l’âme, je croyais que la route, avec son vent, ses pierres

 et ses silences, allait me libérer de mon deuil, de mon vide intérieur et

 me guérir. Que mettre des kilomètres entre moi et ma vie suffirait à me transformer, à me recréer. On a souvent l’impression que si l’on partait

 à l’autre bout du monde, nous serions bien…  Que tout serait mieux… 

mais cela est rarement le cas mon ami…

Les premiers jours, j’ai goûté à cette illusion : le paysage changeait, 

les visages aussi, et je me sentais presque neuf. Mais très vite, dans

 le calme des matins brumeux et la fatigue des longues étapes, j’ai 

compris que mes pensées, elles, marchaient à mes côtés. Inlassables.

 Intimes. Envahissantes. À chaque fois que j’arrêtais pour plus qu’une

 nuit, je me trouvais à nouveau aux prises avec ma prison mentale.

 Il fallait que je sois constamment en mouvement, afin de me sentir

 un peu mieux.

Peu importe où je posais le pied — au sommet d’une colline, dans un 

petit village ou au bord d’un sentier désert — ma prison intérieure me suivait. 

Mes doutes, mes peurs, mes jugements… rien n’était resté derrière.

 Le décor avait changé, mais l’histoire que je me racontais, elle, demeurait 

intacte.

Ce fut une claque, mais aussi une révélation. C’est lorsque j’ai arrêté de 

marcher que j’ai été en mesure d’écouter, de ressentir et j’ai fini par regarder

 cette prison en face. J’ai compris qu’elle n’était faite que de moi, de mes

 croyances, de mes chaînes invisibles. Et qu’aucun lieu, aussi sacré soit-il,

 ne pouvait m’en libérer à ma place.

Le chemin ne m’a pas offert de fuite. Il m’a offert un miroir. 

Et cette leçon, aussi dure qu’elle soit, m’a rendu plus libre que tous

 les paysages traversés.

Aujourd’hui, je sais que la vraie évasion commence à l’intérieur. 

Et que la clé, je l’ai toujours portée.

Fuir à l’autre bout du monde, ne fait que retarder l’inévitable, mon ami.

Peu importe où nous irons notre prison mentale nous suivra.

Ours Sage

Cet homme en cavale












Commentaires

  1. Bonjour Bérénice voila une belle leçon de vie qui est hélas véridique mais il faut savoit partir ou fuir pour le comprendre alors seul le résultat compte non? Bonne fin de journée ici avec du soleil.Des bisous.

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    1. Pour te répondre je crois que je le vis au quotidien, Basta les croyances et Cie .....

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