J’ai longtemps cru que le bonheur se cachait ailleurs. Dans une autre ville. Un autre corps. Un autre amour. Je pensais qu’il suffisait de partir pour que le cœur suive, qu’on pouvait semer la douleur en changeant de décor, qu’on pouvait se réinventer sans jamais vraiment se rencontrer.
Alors j’ai fui. J’ai changé de peau, de prénom, d’adresse et de promesses. J’ai changé de coiffure, d’apparence, de vêtements. J’ai rempli des cartons entiers de souvenirs du passé, sans jamais prendre l’essentiel. J’ai essayé d’être ce que les autres attendaient. J’ai voulu plaire, briller, devenir plus que ce que j’étais. Mais à force de vouloir être ailleurs, je suis devenu nulle part. J’étais partout, pourtant, il fallait que le monde entier m’aime. Que l’on admire ma plume, que l’on me trouve génial. Plus j’étais Phénix, plus je me brûlais les ailes, et moins elles repoussaient. Je suis passé d’Icare à Lucifer, je suis tombé. J’ai cessé de voler, de vouloir être au dessus. J’ai cessé de me désirer ailleurs. C’est cette phrase-là, vue sur un mur. Gravée dans la pierre comme on grave un tournant dans sa vie. Elle m’a percuté le ventre, comme un rappel silencieux de ce que j’essaye d’apprendre : Être là. Présent. Entier. Pas parfait, pas guéri, pas lumineux tous les jours, mais là. Dans mon ici. Avec mes tempêtes, mes lenteurs, mes élans, mes vertiges. Avec mes failles aussi, que j’apprends à regarder sans me juger. J’ai cessé de vouloir me fuir, de vouloir me transformer en quelqu’un d’autre pour plaire, pour correspondre, pour disparaître dans les cases. J’ai cessé de me désirer ailleurs parce que j’ai compris que le vrai courage, c’est pas de partir. C’est de rester. Rester là, au plus près de soi, même quand ça brûle, même quand ça fait peur, même quand le miroir renvoie des souvenirs qu’on aimerait gommer. Et même si parfois ça tangue encore, je reste. Je serre les dents. Je serre les poings. Je serre sa main dans la mienne. J’apprends à m’aimer dans le silence, dans le doute, dans les jours sans. J’apprends à me choisir. À croire que ma place est ici, maintenant. Pas demain. Pas ailleurs. Juste, ici.
Et si un jour je retombe, je relirai cette phrase. Je me relirai, moi.
Hum c'est un point de vue qui n'est pas le mien il faut partir pour savoir ce que l'on a perdu ou pas...
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