Il a 4 ans

 

Il a quatre ans.

Et il ne comprend pas.

On lui a dit que maman ne reviendrait pas.

Mais comment comprendre l’irréparable, quand on ne sait même 

pas encore lire l’heure ?

Il a attendu. Longtemps.

Les bras tendus.

Le cœur débordant d’attente.

Les yeux rivés sur une porte qui, cette fois, est restée fermée.

Il ne sait pas que le monde parle de ce drame.

Il ne sait pas qu’on débat, qu’on analyse, qu’on cherche des raisons.

Il veut juste sentir l’odeur de sa maman.

La retrouver.

Qu’elle le serre fort,

qu’elle lui glisse un mot tendre au creux de l’oreille,

qu’elle le borde ce soir comme tous les soirs d’avant.

Mais ce soir, elle n’est pas là.

Et elle ne reviendra pas.

Il demandera.

Encore.

Il pleurera.

Il s’endormira de fatigue, le cœur serré de questions sans réponses.

Et pendant que les adultes parleront de minorité,

de circonstances,

d’équilibre mental,

lui, il aura perdu sa maman.

Pour toujours.

Personne ne pourra lui expliquer la mort avec des mots d’enfants.

Personne ne pourra lui rendre ce qu’on lui a pris.

Il grandira avec cette absence comme une ombre.

Silencieuse pour les autres.

Infinie pour lui.

Et chaque jour, ce vide portera le visage de sa mère.

Ce petit garçon, c’est le fils de Mélanie Grapinet, 31 ans.

Tuée un matin devant son collège, à Nogent, par un élève

 de 14 ans qu’elle ne connaissait même pas.

Tuée parce qu’elle était là.

Parce qu’il avait décidé.

Parce qu’il avait un couteau.

Et qu’il ne regrette rien.

Je ne fais pas partie de la famille. Je suis simplement une maman, 

bouleversée. Une parmi tant d’autres. J’ai écrit ces mots en regardant 

ma fille de deux ans et demi dormir, avec le cœur serré pour ce petit

 garçon qu’on vient d’arracher à l’innocence.

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