La vie commence quand un jour ......

 




Peut être une image de 1 personne, plage et océan


J’ai commencé à vivre… à 49 ans…

Jusque-là, je ne pensais pas qu’une autre vie était possible.

C’était maison, courses, lessive, repas à préparer…

et beaucoup de silences à supporter.

Enfant, on m’avait appris que le destin d’une femme, c’était :

se marier, avoir des enfants, garder sa famille soudée.

Pas de plaintes. Pas de rêves. Et si tu osais rêver… fais-le en silence.

Ça ne servait à rien, de toute façon.

Je me suis mariée jeune. J’ai eu deux fils.

J’étais une épouse, une mère, une femme au foyer.

Toujours en mouvement, toujours à faire pour les autres.

Mon mari rentrait du travail, fatigué, mangeait sans un mot, puis allumait la télé.

Et un jour, il s’est mis à critiquer : que j’étais fade, que je m’étais laissée aller,

que je n’avais plus rien à dire.

Il a fini par dire : “On ne peut pas vivre avec des femmes comme toi.”

Et moi ? J’ai gardé le silence.

Parce que “la famille, c’est sacré”. Parce qu’il faut “tenir bon”.

Parce que ma mère m’avait toujours dit :

 “Sois patiente. Tu es une femme. Une mère.”

Alors j’ai tenu.

Je me suis dit que j’attendrais que mes enfants grandissent…

Et peut-être, un jour, je vivrais.

Et ce jour est arrivé. Il est parti.

Sans drame. Sans explication. Il a pris une valise et n’est jamais revenu.

Je suis restée seule. Et ce que j’ai ressenti en premier… c’était le calme.

Un silence si profond que, pour la première fois, j’ai pu m’entendre.

Au début, j’étais perdue. Je ne savais plus qui j’étais.

Je ne me souvenais même plus de ce que j’aimais.

Je me suis demandé : “Depuis combien de temps je ne me suis pas réveillée

 sans courir vers la cuisine ? Depuis quand je n’ai pas ri, vraiment ?”

Un matin, je ne me suis pas occupée du lit.

Je me suis fait un café, rien que pour moi.

Je me suis installée sur le balcon, et j’ai regardé la lumière traverser les rideaux.

C’était un petit moment… mais c’était à moi.

Et quelque chose a changé.

Je me suis inscrite à un cours d’anglais. Pas pour travailler. Juste pour moi.

J’ai appris à acheter un billet de train sur mon téléphone. 

Et je suis partie. Seule. Pour la première fois de ma vie.

Puis j’y ai pris goût.

J’ai vu la mer, en hiver. La vraie. Sauvage. Salée. Libre.

Je me suis assise pieds nus sur le sable froid… et je me suis dit :

Pourquoi ai-je attendu aussi longtemps ?”

Un voisin m’a lancé : “Tu voyages seule, à ton âge ? T’es folle ou quoi ?”

J’ai souri. Parce qu’au fond, je ne me sentais plus perdue.

Je m’étais enfin retrouvée.

Aujourd’hui, je vis seule.

Pas parce que personne ne veut de moi.

Mais parce que, pour la première fois, je m’aime.

Je n’ai plus d’horaires. Mais j’ai des envies.

Je ne passe plus mes journées en cuisine.

Je les passe dans les musées, dans les trains régionaux,

 dans les rayons de librairie…

Ou sous une couverture, avec un roman que je n’ai jamais eu le temps de lire.

Parfois, je me regarde dans le miroir.

Les rides sont bien là.

Mais mes yeux… ils brillent différemment.

Il y a une lumière nouvelle.

Parce qu’à 49 ans, j’ai cessé de survivre.

Et j’ai enfin commencé à vivre.












Commentaires

  1. Un très beau texte et si toutes les femelles arrivaient à penser ainsi ce serait super.

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